Je vivrai l’amour des autres, Jean Cayrol, 1947 (Prix Renaudot) 

Il parle.
Laissez-le parler. 
Il ne pourra pas dire plus qu’il ne sait, plus qu’il ne vit.
On n’entend pas  sa voix dans les rues; elle n’entre pas dans les maisons; elle ne touche pas les coeurs.

Mais oui j’écrirai et personne ne m’en empêchera;
je trouverai bien une belle histoire qui puisse me contenter pour tout les reste de ma vie, que je dégrossirai un peu plus tous le jours, une histoire sans savoir où l’on va, avec des secrets, des mystères incompréhensibles, des recoins d’ombre; ça va si bien, l’ombre, sur les visages qui parlent; un roman où la solitude éclatera comme un soleil; les gens s’y prendront comme dans de la glu; pas moyen d’y échapper…